Aurore, 17 ans dans cinq jours, a besoin d'une robe d'un soir.
Note : Albert aussi a besoin d'une tenue. J'ai investi... le blazer, le pantalon. Les filles, c'est moins cher : un petit tour chez Mondial Tissu, un patron, un chouette tissus, pour moins de 40 Euros, elles ont une tenue de rêve. Albert me fait observer qu'un garçon coûte plus cher qu'une fille. Je lui rétorque : "oui, la première fois, parce qu'ensuite il remet le même blazer, le même pantalon, éventuellement une autre cravatte et une autre chemise, mais dans tous les cas il réutilise ce qu'il a dans sa garde-robe. Une fille par contre, a besoin d'une nouvelle robe à chaque sortie !" Je ferme la parenthèse. Nous n'en sommes qu'à la première robe, heureusement...
Donc, Aurore, 17 ans à cinq jours près, a besoin d'une robe d'un soir. Elle est assez déterminée : il faudrait qu'elle ne soit pas trop courte, mais pas longue non plus. Et puis sans manches mais les bretelles pas trop fines, surtout pas trop étroite, mais pas trop large non plus. Pour la couleur, surtout pas de noir ou de gris, mais surtout pas vive.
Aurore sait ce qu'elle veut, et aussi ce qu'elle ne veut pas, ce qui ne simplifie pas les choses. Pour la couleur, facile, je lui ai proposé du bleu marine !!!
C'est donc avec cette liste pas exhaustive que je suis partie chez Mondial Tissu avec elle. Jusqu'à l'entrée du magasin, c'était assez facile et même très sympathique. Par expérience, nous avons commencé par choisir le patron. Nous n'avons mis que vingt minutes. J'avais bon espoir pour la suite, d'autant qu'à la caisse on nous a remis le patron : il était disponible, incroyable, nous serions bientôt sorties !
Nous avons commencé à arpenter les rayons, et à nous partager les tâches : moi je proposais, elle rejetait mes choix. Ce n'était pas très efficace pour lui faire trouver le tissu de ses rêves qui aille avec la robe. Nous avons tout repris à zéro trois fois, en évitant les lainages pour manteaux, les cotons pour bébés, et les nappes en plastique. Il restait un choix conséquent, mais sans espoir... Au bout d'une demie-heure de promenade, j'ai cherché du regard une vendeuse disponible. Voyant le désespoir dans mes yeux, elle s'est approchée en courant pour me demander si j'avais besoin d'aide. J'avais besoin d'une chaise, d'un café et de tissu.
Je vous avouerais qu'elle était plutôt désagréable : "c'est à vous mademoiselle que je m'adresse, pas à votre maman qui n'a rien à dire". Bon, avait-elle déjà oublié que le SOS venait de la maman éperdue ? Avais-je, ai-je donc la tête de la mère insupportable qui refuse d'écouter ses ados et qui veut à tout prix leur faire passer ses goûts ? Je me tais, je subis en me disant in peto qu'il vaut mieux opter pour le mutisme si on veut tenter de faire avancer les choses.
Nous avons recommencé à arpenter le magasin. "Quelles sont les couleurs de vos vêtements dans votre armoire ?" "Et ça, mademoiselle, non pas vous madame, je ne vous parle pas ?" (je n'avais même pas ouvert la bouche, j'observais, c'est tout, tels les membres de l'ONU). C'était drôle, des clientes nous suivaient en cohorte à travers les rayons, un rouleau de tissu sous le bras pour se faire couper une pièce.
Et puis, miracle, cette vendeuse désagréable, nous trouve LE tissu qui plaît à mademoiselle. Serions-nous arrivés au bout ? Que nenni, il manque la ceinture, mademoiselle pense qu'un tissu contrasté serait du plus bel effet. Demi-tour, on contourne les clientes qui attendent, on refait le magasin dans l'autre sens, avec le rouleau sous le bras pour voir ce qui conviendrait.
Qu'arriva-t-il ? Nous trouvâmes. Oui, chères lectrices, vous avez bien lu. Nous trouvâmes le tissu assorti qui ferait une ceinture de rêve.
Mademoiselle jubilait, la vendeuse explosait de joie, et je tentais de faire des calculs pour trouver le métrage nécessaire, parce que les patrons New Look calculent beaucoup trop largement. La vendeuse coupe, nous tend les coupons, le papier pour la caisse, et se retourne pour servir les clientes... plus personne, elles s'étaient lassées et s'étaient fait servir par une autre vendeuse.
Ce qui est bien chez Mondial Tissu, c'est qu'ils ne donnent plus de sachets (ça colle tout à fait à mon petit côté écolo). Il vaut donc mieux éviter de s'y rendre lorsqu'il pleut à verse. Mais ce jour-là il ne pleuvait pas. Mademoiselle monte dans la voiture, et pose les tissus sur ses genoux. Elle a passé le chemin du retour à imaginer la robe, puis à s'imaginer dedans... La princesse Aurore sera-t-elle la plus belle ?
Modification du 30 décembre : la robe est enfin en ligne !!!
Modification du 30 décembre : la robe est enfin en ligne !!!
Les couleurs ne rendent pas bien. Et sur le manequin, elle ne rend pas du tout. Ma fille n'est pas une poseuse !!! |