Un soir d’été au clair de lune,
La courge, le coing, l’ail et la prune,
Tous les légumes du potager,
Se réunissent en rangs serrés.
Mais que se passe-t-il par ici,
Que fait le tribunal cette nuit ?
Le potiron est accusé,
D’avoir volé le bananier.
Le potiron s’installe devant,
Les aubergines sont les agents,
Son défenseur s’approche de là,
C’est l’avocat tout plein d’émoi.
La courge assure la présidence,
Elle exige un grand silence,
Et maintenant que les témoins,
N’écoutent pas et aillent au loin.
Debout, Monsieur le Potiron,
Exposez-nous votre vrai nom,
Dites-nous ce que vous avez fait,
Dans la nuit du 7 au 8 mai.
Le potiron bien fatigué,
Décline son identité,
Cucurbita pepo Linné
J’habite dans le potager.
Les 7-8 mai je n’ai rien fait,
J’étais couché et je dormais,
Je n’ai pas volé, je le jure,
Les bananes vertes sont bien trop dures !
Que les braves témoins s’avancent,
Dit le Juge avec suffisance,
Ils viennent avec rapidité,
Et jurent de dire la vérité.
Le bananier est bien trop haut,
Dit avec fougue l’artichaut.
Le potiron est trop petit,
Répètent en chœur les salsifis.
Le potiron est bien trop rond,
Hurlent de rire les cornichons.
Il est aussi beaucoup trop lisse,
Affirme le chou avec malice.
Que le potiron est lourdaud,
S’exclament vite les poireaux.
Et un petit peu ventre à terre,
Se rappellent les pommes de terre.
Ne peut grimper sur le muret
Déclare ensuite le navet.
Et c’est une vraie mauviette,
S’extasient les petites courgettes.
Arrive le coing, dernier témoin,
J’ai tout vu, je n’étais pas loin,
Le voleur n’est pas potiron,
Mais toute l’équipe de marmitons.
J’ai parfaitement entendu,
Le bananier a tout vendu,
Ses belles bananes pas trop chères,
Et des pistaches aux enchères.
La parole est au Procureur,
L’haricot parle avec bonheur,
Requiert maint’nant avec ardeur :
Le plaignant connaît son voleur.
Par cette preuve irréfragable,
Le potiron est le
coupable
Qu’il soit pour 10 ans transféré,
Au-dessus du plus grand fumier.
L’avocat à présent se lève,
En plaidant ses deux bras s’élèvent,
Il redémontre avec talent,
Que son client est innocent.
Vous avez entendu comme moi,
Le coing et le rutabaga,
Le potiron n’a pu voler
Aucun des fruits du bananier.
Le bananier est un menteur,
Qu’il prenne l’avion pour l’équateur,
Qu’on reconnaisse que mon client
De ce larcin est innocent.
La courge avec autorité,
Met l’affaire en délibéré,
Le potiron est relaxé,
Ce n’est pas lui qui a volé.